Gourmandise ou le plaisir défendu
Mots-clés gourmandise , Brillat-Savarin , concept , auteur
Gourmandise ou le plaisir défendu
Gourmand :
n (même origine que gourmet)
1 – se dit de quelqu’un qui aime manger en quantités des bonnes choses : être gourmand comme un chat
2- Gourmand de quelque chose : se dit de quelqu’un qui en est amateur, friand ; être gourmand de choses sucrées, de fruits , se dit de quelqu’un qui est avide, passionné.
Adj :
1 – Se dit du comportement, de l’expression de quelqu’un qui dénote la gourmandise, le désir de quelque chose : jeter des regards gourmands sur des éclairs en chocolat. Une bouche gourmande.
2 – Qui concerne la gastronomie : restaurant signalé dans la rubrique gourmande d’un hebdomadaire.
Gourmandise :
n, f (de gourmand)
1 – Caractère, défaut d’un gourmand
2 – Mets appétissant, friandise : les enfants aiment les gourmandises.
Gourmet :
n, m
Personne qui sait distinguer et apprécier la bonne cuisine et les bons vins : c’est un fin gourmet.
Ces définitions du Larousse ne donnent qu’une appréciation négative assimilant l’homme qui aime manger des bonnes choses à un être insatiable. La gourmandise est inséparable d’une curiosité qui le pousse depuis les débuts de l’humanité à goûter ce qu’il cueillait et tuait, à expérimenter divers modes de consommation. Ces préparations donnent goût et agrément aux aliments. Se nourrir n’est plus seulement un acte vital mais devient un mode d’expression, un plaisir.
Qui dit plaisir dit recherche du meilleur, voire même excès : on mange et boit en quantité ce que l’on aime. Les premiers chrétiens, s’opposant aux excès de la gastronomie romaine, se tournent vers davantage de pureté. Interprétant les textes de l’Ancien Testament, ils s’adonnent dans le désert à une vie d’ascèse qui doit les libérer de toute concupiscence, de toutes contraintes matérielle et charnelle. Conséquences : quelques siècles pus tard, la gourmandise devient un des sept péchés capitaux. Elle n’est «péché» que lorsqu’elle s’apparente à la goinfrerie, à l’ébriété. Nous lisons donc la définition du dictionnaire de Trévoux : «une avidité, une intempérance au boire et au manger».
Et nos moralistes, laïcs et religieux, redécouvrant Aristote et les vertus des Anciens, brandissaient la tempérance comme un mode de vie idéal dans tous les domaines. Il s’agit de ne pas gaspiller les produits de première nécessité et la bouche, organe sacré, ne devait pas nous faire ressembler à des animaux. Ainsi vont naître tous les préjugés et sophismes sur la gourmandise, le goinfrerie et la recherche du plaisir.
Un homme, par son livre, va bouleverser les mentalités : Brillat-Savarin et la Physiologie du Goût. Après quelques Aphorismes et Dialogues qui mettent à mal les idées reçues, il nous offre ses Méditations au cours desquelles il définit la Gastronomie et le Gourmandise : « La gourmandise est une préférence passionnée, raisonnée et habituelle pour les objets qui flattent le goût. Sous quelque rapport qu’on envisage la gourmandise, elle ne mérite qu’éloge et encouragement…. Sous le rapport physique, elle est le résultat et la preuve de l’état sain et parfait des organes destinés à la nutrition. Au moral, c’est une résignation implicite aux ordres du Créateur qui, nous ayant ordonné de manger pour vivre, nous y invite par l’appétit, nous soutient par la saveur, et nous récompense par le plaisir. »
Et dans la Méditation XXVII : « on a commencé à séparer la gourmandise de la voracité et de la goinfrerie ; on l’a traitée comme un penchant qu’on pourrait aimer, comme la qualité sociale agréable à l’amphitryon , profitable aux convives, utile à la science et on a mis les gourmands à côté de tous les amateurs qui ont un objet donné de prédilection».
En 1872, le Grand Larousse se fait l’écho de l’évolution des mœurs : « Le mot gastronomie est devenu peu à peu synonyme d’amateur, de fin connaisseur en affaires de bouche et la chose s’est glissée dans toutes les classes et à toutes les tables sous le nom de confortable. Depuis Brillat-Savarin, on ne rougit plus d’être gastronome mais on ne voudrait à aucun prix passer pour un gourmand ou un ivrogne.»
Ce qui permit à Curnonsky, lorsqu’il crée en 1928 l’Académie des Gastronomes, de dire dans l’esprit de Brillat-Savarin qui désira inventer cette académie : «Et quand l’Académie promise par les oracles s’établira sur les bases immuables du plaisir et de la nécessité, gourmands éclairés, convives aimables, vous en serez les membres et les correspondants.»
Gourmandise, Goût et Plaisir enfin réconciliés, ils sont chargés de sens dans tous les sens du terme. Ils portent en eux l’histoire des hommes, leur art de vivre, l’expression des civilisations .
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